Pour toujours mon amour
EAN13
9782012000759
ISBN
978-2-01-200075-9
Éditeur
Hachette
Date de publication
Collection
Bibliothèque verte (834)
Dimensions
18 x 11 x 0,7 cm
Poids
89 g
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Pour toujours mon amour

De

Hachette

Bibliothèque verte

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1?>DES PARENTS PAS COMME LES AUTRES...?>« Alors, vous êtes prêts ? On va partir sans vous si ça continue ! »Une cavalcade retentit dans l'escalier.« Ça y est, nous voilà ! »M. et Mme Bernard dégringolent les marches en riant et en se bousculant.« Mais vous n'êtes pas encore habillés ? s'étonne Paul, qui finit de boutonner son blazer gris devant la glace du vestibule.— Comment ça, pas habillés ? Et ça, c'est quoi ? » rétorque Mme Bernard en effectuant un tour complet sur elle-même sous les yeux médusés de son fils de treize ans.Emma, la sœur cadette de Paul, rejette ses nattes brunes en arrière d'un vif mouvement de tête et se met les poings sur les hanches :« Tu ne vas tout de même pas nous dire que vous allez inaugurer la maison de retraite en jeans et en sweat-shirt ! Avec en plus une casquette sur la tête !— Et pourquoi pas ? Nous, on trouve ça super ! répond son père.— Mais hier encore, vous avez insisté pour que nous, on mette nos plus beaux vêtements ! » proteste-t-elle en jetant un œil consterné à ses chaussures vernies, ses collants blancs impeccablement tirés, sa jupe plissée et son manteau bleu marine. Même ses longues tresses ont dû mettre les rubans du dimanche : des noeuds en velours indigo. Emma déteste sa tenue. Elle ne reconnaît pas l'espèce de petite fille modèle qu'elle contemple dans le miroir. À dix ans, Emma, la vraie, pas celle des jours d'inauguration, emprunte à son grand échalas de frère des pulls qui lui arrivent aux genoux et déteste tous les trucs de filles : maquillage, bijoux, histoires de garçons... La seule trace de féminité qu'elle s'accorde, c'est un miroir de poche qu'elle garde toujours sur elle. L'arme fatale pour aveugler les copains en cours, au moindre rayon de soleil ! Comme le dit souvent son frère, Emma n'est pas vraiment un garçon manqué... non, c'est plutôt une fille ratée.En se dirigeant vers la voiture, Paul chuchote à l'oreille de sa sœur :« Si tu veux mon avis, ils nous font marcher. Ils doivent s'amuser à nous imiter. »Celle-ci pouffe de rire :« C'est fou l'effet qu'une demi-journée de congé peut leur faire ! Vivent les inaugurations... Mais tout de même, je me demande ce que penseraient leurs employés s'ils les voyaient arriver à la bijouterie dans cette tenue ! »Paul se glisse à l'arrière en murmurant :« Et les clients, donc ! »Son père démarre.« Oh ! Je crois qu'on va tomber en panne d'essence ! » claironne son épouse en se penchant sur le tableau de bord.À l'arrière, on se fait tout petit. M. Bernard a horreur des situations qui le prennent au dépourvu. À chaque fois, il se met dans des colères noires. Là, il tourne le volant brusquement, sans mettre son clignotant. La voiture fait une embardée.« On s'en fiche ! dit-il. Il y a une station-service juste devant.— Chouette ! On va en profiter pour acheter des bonbons ! déclare sa femme en arborant un large sourire.— Des bonbons ? »Paul et Emma se regardent, interloqués. Les friandises, ce n'est pourtant pas le genre de la maison.« On prendra aussi des pastilles à la menthe pour les pépés et des caramels pour les mêmes ! » ajoute leur mère, la mine réjouie.Après un bref passage à la boutique de la station-service, durant lequel M. et Mme Bernard jouent à cache-cache dans les rayons, on remonte en voiture. M. Bernard, penché sur le volant, tourne la clé de contact en faisant vrombir ses lèvres.« Vroum, vroum !— Maman, Emma n'est pas là ! » avertit Paul, décontenancé par l'attitude de ses parents.Mme Bernard est en train d'extraire un chewing-gum de son papier d'argent. Négligemment, elle laisse tomber :« Ah oui ? »Son mari et elle se regardent en gloussant.À l'arrière, Paul commence à ressentir un certain malaise.« Non, je t'assure, elle doit être encore aux toilettes. »Sa mère met toute la plaquette de chewing-gum dans sa bouche, et les joues pleines, elle déclare :« Elle est très bonne, ta blague, Paul ! »Et elle se met à scander, comme les petits enfants dans les cours de récréation :« Emma n'est pas là, Emma n'est pas là, lalalilalèreu... »La voiture démarre. Son père passe la seconde.Paul sent une sueur froide couler le long de son dos. Sa voix s'étrangle dans sa gorge :« Mais regarde, si tu ne me crois pas ! Tu verras... »Elle se retourne. Un grand sourire illumine son visage.« Ah oui, tu as raison, elle n'est pas là... »Son mari éclate de rire :
« J'espère qu'elle va retrouver son chemin ! »Et la voiture s'engage sur la bretelle de sortie qui rejoint la nationale. Paul, épouvanté, le visage écrasé contre la lunette arrière, voit sa sœur qui court en agitant les bras, minuscule point bleu devant la grosse station-service rouge et blanche.?>2?>UNE DÉCOUVERTE RENVERSANTE?>Mme Henri marche d'un bon pas dans l'avenue des platanes, une des rues les plus chic et les plus commerçantes de Beauvallon. Il est neuf heures et une journée chargée l'attend : trois essayages pour des clientes difficiles, le prochain défilé à préparer... La maison de couture hercellis, ouverte depuis deux ans, a le vent en poupe. Mme Henri, première vendeuse du magasin, s'en réjouit, d'autant que la patronne, Mme Vercellis, est un femme aussi douée en affaires que charmante. Une femme très courageuse aussi. Son mari est mort dans un accident de la route, et elle élève toute seule sa fille de douze ans.« Ah ! songe-t-elle en arrivant devant la boutique dont les stores intérieurs gris sont encore tirés, il faudra que je pense à revoir le drapé de la robe n° 12... »La sonnerie du téléphone, qui retentit à l'intérieur du magasin, la fait se dépêcher. Une cliente qui se décommande ? Un rendez-vous à déplacer ? Elle pousse la porte et court à l'appareil sans même prendre le temps d'allumer la lumière.« Maison de couture Vercellis ? dit-elle d'une voix légèrement essoufflée. Oh ! C'est toi, mon petit soleil ? »La vendeuse ouvre de grands yeux en reconnaissant la voix de Latiocha, la fille unique de Mme Vercellis. Toutes les deux s'adorent. Mme Henri, mère de deux garçons, l'appelle « mon petit soleil » à cause de ses boucles rousses qui moussent autour de son visage et de ses taches de rousseur. Souvent, après les cours, Latiocha passe à la boutique et s'installe sur un coin de table, après avoir soigneusement repoussé les épingles. Tantôt elle s'absorbe dans un livre, tantôt elle sort un calepin de son cartable et note les recettes que Mme Henri lui dicte. Latiocha adore les romans d'amour et la cuisine.
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