Objectif 2035 : ces innovations médicales qui vont changer notre vie, Ces innovations qui vont changer notre vie
EAN13
9782809800821
ISBN
978-2-8098-0082-1
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
POLITIQUE, IDEE
Nombre de pages
500
Dimensions
22,5 x 14 cm
Poids
775 g
Langue
français
Code dewey
610.72
Fiches UNIMARC
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Objectif 2035 : ces innovations médicales qui vont changer notre vie

Ces innovations qui vont changer notre vie

Édité par

Archipel

Politique, Idee

Indisponible
DANS LA MÊME COLLECTION

Éric de Riedmatten, XXIe siècle, les innovations qui vont changer notre vie, préface d'Axel Kahn, L'Archipel, 2005.

DU MÊME AUTEUR

Les Nouvelles Frontières de la santé. Comment serons-nous soignés demain ?, avec Didier Tabuleau, Jacob-Duvernet, 2006.

Les Maladies d'aujourd'hui. De la maladie d'Alzheimer au sida, avec Élisabeth Bursaux, Jean-Yves Nau et Chantal Gueniot, Librio Document / Le Monde, 2003.

Morts sans ordonnance. La Santé marchandise, Hachette Littératures, 2001.

La Peur aux ventres. Démocratie et sécurité alimentaire, Textuel, 2000.

www.editionsarchipel.com

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eISBN 978-2-8098-1112-4

Copyright © L'Archipel, 2008.

PRÉFACE

Que sera la médecine en 2035 ? La réponse peut paraître bien incertaine ! De fait, pour certains aspects, comme ceux qui touchent au financement de la Sécurit é sociale, à l'organisation du système des soins, à la sociologie des comportements individuels et collectifs, les incertitudes sont grandes. Mais tel n'est pas l'objet premier de ce livre, qui s'intéresse principalement aux nouveaux médicaments, vaccins et traitements qui pourraient voir le jour. Ici, les marges d'erreur sont bien moindres. D'abord, il faut en moyenne une dizaine d'années de développement clinique et pharmaceutique pour qu'une innovation issue des laboratoires de recherche parvienne à maturité et devienne accessible au public. L'échéance est donc un peu raccourcie : l'enjeu est de projeter ce que sera la science médicale en 2025-2030 plutôt que 2035. En outre, la trajectoire que suivra cette dernière comporte des inconnues, mais n'est pas aléatoire. On peut d'autant mieux la tracer qu'elle est elle-même articulée, avec un certain décalage, aux progrès les plus fondamentaux des sciences du vivant (mais aussi de la physique, de la chimie, des sciences de l'information et des mathématiques). Au total, on peut dessiner, dans une sorte d'arborescence, un certain nombre de lignes de force, dont les points d'aboutissement sont identifiables. Évidemment, des découvertes nouvelles peuvent modifier le paysage. Mais certaines n'affecteront la médecine qu'en 2040 ou 2050. Pour le reste, il existe bien une dose irréductible d'imprévu, mais le risque est moins de se tromper que d'avoir raison trop tôt ou trop tard.

Examinons tout d'abord la trajectoire des sciences de la vie. En dépit de leur immense diversité, la constitution biologique des êtres vivants est remarquablement homogène. Ce que l'on apprend grâce à l'étude d'une bactérie, d'une levure, d'un ver ou d'une mouche sert souvent à mieux comprendre l'homme. Les « briques » du vivant (ADN, protéines, lipides, etc.) sont les mêmes, et il n'est pas inhabituel qu'un gène humain reste fonctionnel lorsqu'il est transpos é et substitué à un homologue dans un être beaucoup plus simple. Ceci résulte du caractère cumulatif de l'évolution des espèces, au cours de laquelle certaines solutions à des problèmes biologiques ont été conservées, capitalis ées, parfois remaniées ou perfectionnées, mais nullement perdues. L'étude de l'homme, et la science médicale, bénéficient donc abondamment des progrès des sciences du vivant.

Or ces progrès ont été inouïs. Depuis 1953, date charnière de l'élucidation de la structure en double hélice de l'ADN, on a assisté à la naissance de la biologie moléculaire. Puis, vers 1975, à celle de la génétique moléculaire, dont l'ère a culminé avec l'achèvement du séquençage complet du génome humain en 2003. Depuis fleurissent les « omes » et les « omiques » : génomes et génomique, transcriptomes et transcriptomique, protéomes et protéomique, etc. Ces termes désignent, pour les premiers, les objets complexes que les biologistes veulent appréhender dans leur totalité (l'ensemble des gènes, etc.) et, pour les seconds, les nouvelles disciplines qui s'attachent à les étudier. Ces approches convergent vers une analyse de plus en plus globale de la biologie. On entrevoit se développer la biologie systémique, qui déborde le réductionnisme de la biologie moléculaire, pour tenter de dégager les propriétés intégrées des systèmes biologiques complexes, qu'il s'agisse de cellules, d'organismes plus ou moins évolués, du système immunitaire et du système nerveux de l'homme – et aussi des écosystèmes.

Ces avancées dépendent des progrès concomitants d'autres sciences, particuli èrement de la physique, de la chimie et de l'informatique. Celles-ci jouent un rôle important (et d'ailleurs croissant) à tous les niveaux, mais celui-ci est particuli èrement visible dans le champ des techniques et de l'instrumentation : le génome humain n'aurait pu être décrypté sans la mise au point d'instruments (des « séquenceurs automatiques ») de plus en plus performants. Les progrès de l'imagerie sont spectaculaires. L'informatique mérite une mention particulière. Ce serait une vision bien réductrice que la croire seulement indispensable à la gestion d'un très grand nombre de données. Ce que l'on désigne aujourd'hui sous le terme « bio-informatique » recouvre de nouveaux champs des mathématiques, indispensables pour analyser et comparer les génomes, tout comme pour modéliser les réseaux complexes qui interviennent dans la biologie systémique. Les mathématiques des réseaux de neurones en sont un exemple. En raccourci, on constate que, comme d'autres domaines de la science, la biologie est en voie de se numériser et que cette évolution recouvre une véritable révolution, aussi conceptuelle que technique.

Ces considérations ne sont pas abstraites. Voyons comment elles se déclinent dans les sciences médicales. Celles-ci possèdent leur spécificité et leur sociologie propres. En particulier, la documentation clinique rassemblée dans les dossiers médicaux constitue un corpus considérable. Il englobe une connaissance approfondie d'un très grand nombre de maladies, y compris de celles des quelques milliers de maladies génétiques rares aujourd'hui répertoriées. Les progrès de la génétique moléculaire ont permis de repérer les mutations associ ées, de sorte que la collection des mutants humains qui sert de support à la science médicale n'a rien à envier à celle des souris mutantes, dont l'étude nourrit les recherches fondamentales dans les sciences du vivant. En combinant les apports des autres sciences avec ses ressources propres, la science médicale a remarquablement progressé au cours des dernières décennies. Elle s'est appropri é, et a développé pour son propre compte, nombre d'innovations majeures. Après la révolution biotechnologique provoquée par le génie génétique, le médicament s'est enrichi d'une nouvelle catégorie de molécules : les protéines humaines. Médicaments et vaccins sont en attente d'une autre catégorie de molécules, dont la mise au point soulève encore des difficultés : ce sont les gènes eux-mêmes, sous leur forme chimique d'ADN, administrés dans la thérapie génique. Une autre catégorie de traitements se profile, fondée sur l'emploi des cellules souches. Peut-être l'utilisation des petits ARN qui peuvent, de façon spécifique, inhiber l'expression d'à peu près n'importe quel gène trouvera-t-elle sa voie en médecine, fournissant encore une nouvelle classe de médicaments ? D'autres révolutions se préparent. Le développement des techniques analytiques non invasives et les immenses progrès de l'imagerie commencent à modifier radicalement le diagnostic. La médecine personnalisée fait peu à peu son entrée. Le véritable bouleversement interviendra lorsque le coût de séquençage du génome humain aura diminué au point qu'il deviendra concevable que tout un chacun ait son génome en poche – c'est-à-dire, pourquoi pas, sur une puce protégée dans sa carte Vitale. Il reviendra alors aux médecins, assistés par d'immenses bases de données, d'interpréter les singularités génétiques des individus, et d'en tirer le maximum de bénéfice clinique pour chacun de leurs patients.

Un mot de prudence, cependant ...
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