La Revue des lettres modernes

L'écriture de Samuel Beckett articule intimement la dimension esthétique à l'implication subjective du créateur, dont on peut appréhender les effets au sein d'une triangulation structurante : parole, regard et corps. Les limites de la parole s'inscrivent dans le silence, ou dans une fragmentation qui fait entendre sa dimension musicale. Si Beckett s'attarde sur la peinture des frères Van Velde, le caractère dynamique du regard engendre, dans son oeuvre, des distorsions de l'échelle visuelle, et conduit à un vide hors visibilité. Enfin, le corps, lieu d'ancrage, est celui de l'écrivain aux prises avec sa création, jouant aussi un rôle fondamental dans la construction du sujet et son désir de vivre.