Imaginaire et rites collectifs au Maghreb

Sujet individuel fatalement noyé dans un sujet collectif, l’élément maghrébin s’est toujours constitué un péremptoire système de représentations imaginaires pour interpréter son existence. Pour cela, que ce soit par la pratique de la littérature écrite ou autre forme artistique, il ne cesse de sonder les profondeurs abyssales de son psychisme collectif. Cette confrontation permanente avec l’Imaginaire lui octroie les fondements de son identité originelle ; et sans cette identité pour le moins prépondérante, le sujet maghrébin ne saurait décrypter son expérience ontologique.En fait, ignorant spontanément le processus classique, tel que se le représente la psychanalyse occidentale, c’est à travers la notion d’ « être pour autrui » qu’il se construit une personnalité et réalise l’émergence de son être, soumis au regard de l’Autre, acquiescé comme censure, conformément à un imaginaire collectif et archétypal, afin d’éviter toute infraction qui le mènerait immanquablement à la Marginalité. C’est à travers le langage que se réalise cette relation à l’Autre, puisque toute interprétation des faits sociétaux, inscrits dans le Champ de l’Imaginaire, dépend, à coup sûr, de la position d’adhésion mécanique, adoptée par le sujet maghrébin qui développe, à son insu, une sorte de résistance à toute forme de Modernité.Tout dans le champ existentiel du sujet maghrébin n’est exprimé que par un langage où toute perception, toute symbolisation et toute interprétation ne se fait qu’à partir de son propre Champ notionnel de l’imaginaire, qui se situe lui-même dans un champ de relations beaucoup plus vaste. Ainsi, toute attitude langagière, aussi bien que sa portée, est relationnellement affectée par une interférence avec les champs socioreligieux, socioculturels et sociohistoriques du Maghreb.Dans cette perspective, ce n’est pas l’interprétation conventionnelle du langage seulement qui est mise en jeu ; mais tout le Champ notionnel de l’imaginaire qui est impliqué dans sa relation permanente avec les autres systèmes, déjà cités, qui constituent en outre l’environnement incontournable de toute spéculation sur le réel objectal.