Chant pluriel

La Foule : c'est elle qui parle, c'est d'elle qu'elle parle, c'est de nous qu'elle parle, c'est nous qui parlons. Immense chant aux quatre milliards de bouches. Narratrice/narrée. Discours collectif, passionné, lancé au-dessus des gens des H.L.M., de l'Abondance, courbés sous la loi du Travail/Loisir. La Foule clame son projet subversif, sa volonté de changer radicalement le vieux monde livré au rajeunissement sauvage des supermarchés, des immeubles, des autoroutes. Ses apôtres annoncent la grande Utopie post-révolutionnaire. Épopée aux actions innombrables (burlesques, sanglantes, positives), Chant pluriel est aussi hymne prophétique. Voici le premier manifeste pour une écriture absolument collective, faisant accourir à la surface du texte les mille cris de misère lancés sous le goudron, sous le béton, accomplissant d'une certaine façon le vœu de Lautréamont : « La poésie doit être faite par tous. Non par un. »