De la religion de tous à la religion de chacun, Croire et pratiquer à Orléans au XVIIIe siècle
EAN13
9782753566477
Éditeur
Presses universitaires de Rennes
Date de publication
Collection
Histoire
Langue
français
Fiches UNIMARC
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De la religion de tous à la religion de chacun

Croire et pratiquer à Orléans au XVIIIe siècle

Presses universitaires de Rennes

Histoire

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La vie religieuse d’Orléans au XVIIIe siècle est habituellement résumée autour
de deux éléments majeurs : le jansénisme et la déchristianisation, ou du moins
l’éloignement de la religion. Les figures épiscopales de L.-G. Fleuriau, pour
le premier, et de L.-S. de Jarente, pour la seconde, incarnent cette réalité.
Pourtant, au travers de la présentation de la vie paroissiale et de sa gestion
quotidienne (comptes, délibérations, rapport avec le curé, aménagement de
l’église), des fêtes, des processions, des confréries, des testaments, du
jansénisme, de la vie des dévots, de la présence d’objets, d’images et de
livres pieux dans les maisons et de leur localisation dans les intérieurs, la
réalité religieuse s’avère beaucoup plus complexe. Non seulement l’importance
du jansénisme est à nuancer, du moins à préciser, mais la déchristianisation
n’est pas de mise. De nombreux Orléanais vivent à l’écart des querelles
jansénistes. La religion de la croix et de la sensibilité, pourtant présentée
comme l’opposé du jansénisme, se diffuse autour des jésuites. De ce point de
vue, en poussant la porte des églises d’Orléans au XVIIIe siècle, des
confréries et des maisons, en suivant les missions et les processions, ce
livre offre une image plus équilibrée et concrète de la vie religieuse locale.
Le jansénisme s’avère alors important surtout par les discussions qu’il
motive, les querelles, qui poussent les fidèles à prendre position. Il en est
de même pour la déchristianisation. Loin de reculer, la nature de la religion
change. Les paroissiens donnent moins d’argent aux quêtes, mais investissent
davantage dans les bancs à l’église. Certaines confréries voient leurs
effectifs diminuer, mais leur dévotion est plus spiritualisée et, au final,
leur vitalité est maintenue. Surtout, le testament et l’inventaire après décès
résument ces évolutions. La place de la religion diminue dans le premier, sans
disparaître, mais obéit de plus en plus à une volonté personnelle. De même,
l’inventaire nous permet d’entrer dans les maisons orléanaises, de l’hôtel
aristocratique au logis artisan. Partout les livres, images et objets pieux
sont de plus en plus présents et forment ce que nous avons appelé un «
complexe religieux domestique » qui atteste d’une place croissante laissée à
la religion dans la sphère privée. Cette lecture globale, dans une variété de
documents et pour toute la société, souligne la nécessité de confronter tous
les plans de la vie religieuse (individuel/ collectif, ecclésiastique/laïc,
public/privé) et atteste non pas d’une déchristianisation, mais d’une
individualisation et d’une privatisation des pratiques, du passage d’une
religion quantitative et massive à une attitude plus personnelle. En un mot,
le passage d’une religion de tous à une religion de chacun.
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