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    19 mars 2012

    « Les révélations de Ririya » est la toute première saga de fantasy de Michael J. Sullivan. Ayant écrit pas moins de 6 tomes dans cet univers, l’auteur a dû batailler pour réussir à faire publier son œuvre, qu’il a tout d’abord fait circuler en auto-édition. De bouche à oreille, la saga a fini par attirer l’attention d’un éditeur, et la voici qui arrive chez nous, directement en inédit de poche s’il vous plait.

    Plutôt court, ce premier tome sert un peu de lieu d’introduction de l’univers créé par Michael J. Sullivan. Les premiers acteurs de la pièce nous sont donc présentés, ainsi que les prémices des enjeux politiques et économiques à venir. Pour mieux nous aiguiller dans ce monde que l’on ne fait ici qu’effleurer, l’auteur a eu la bonne idée de nous proposer des cartes ainsi qu’un glossaire avec les personnages et la hiérarchie en place. Bon, soyons honnête, Michael J. Sullivan ne révolutionne pas le genre avec ce premier tome qui manque un peu d’ambition. Cependant, ça reste une lecture agréable, l’aventure de nos deux compères se révélant des plus sympathiques. Bref, un tome que l’on lit sans contrainte ni déplaisir, mais auquel il manque un petit quelque chose pour vraiment pimenter l’intrigue. Heureusement, et comme je l’ai mentionné plus haut, « La conspiration de la couronne » peut (et je dirais même doit) être considéré comme un prologue à la saga de Michael J. Sullivan. On sent d’ailleurs qu’il y a beaucoup de secrets tus et que de nombreux mystères restent à creuser dans les tomes à venir, ce qui forcément donne envie de se pencher plus longuement sur cette saga.

    Les deux héros, Royce et Hadrian, qui cachent leur identité sous le nom de « Riyria », sont sympathiques, mais malheureusement un peu trop lisses pour être charismatiques. L’un est un ancien mercenaire idéaliste, habile bretteur qui jongle avec trois épées (Hadrian), l’autre un voleur talentueux qui manie le cynisme avec entrain (Royce). On lui doit d’ailleurs les quelques touches d’humour qui parsèment le roman. Que ce soit physiquement ou au niveau de la personnalité, l’auteur ne fait que survoler leurs caractéristiques, ce que j’ai trouvé un peu dommage. S’agit-il de garder le mystère autour de nos deux héros ? Peut-être, il n’en reste pas moins que l’on a un peu de mal à adopter nos protagonistes. Les personnages secondaires malheureusement souffrent un peu des mêmes lacunes. Il y a au choix : le prince hautain, le moine érudit et naïf, les méchants de l’histoire qui se dévoilent tout de suite, bref les poncifs ont la dent dure. Pour l’instant, et c’est là la grande faiblesse de ce premier tome, les personnages ont l’air trop manichéens, sans part d’ombre, sans ambiguïté aucune. Un travers que l’auteur corrigera probablement dans les prochains tomes, étant donné que chaque tome est censé nous apporter une nouvelle facette de l’univers d’Elan.

    En somme, Michael J. Sullivan nous livre un premier roman de fantasy de détente, à l’image d’un Frey chez Chris Wooding ou d’un Locke Lamora chez Scott Lynch, mais en moins palpitant. Reste à espérer que l’intrigue évoluera vers plus de complexité, la matière étant là, et que les deux héros s’étofferont un peu.