Annesophie B.

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chroniqueuse littéraire à temps complet.

Conseillé par
30 septembre 2020

Très bon polar français.

Si vous souhaitez lire un vrai bon polar, alors ça se passe par là !
Il y a un peu plus d’un an, je découvrais la plume de Cécile Cabanac avec son tout premier titre : « Des Poignards dans les Sourires ».
Entre polar rural et thriller psychologique, elle parvenait, du premier coup, à nous proposer un roman accrocheur, très bien fait, et parfaitement dosé, et j’y avais complètement adhéré.

J’ai donc commencé son deuxième opus, Requiem pour un Diamant, avec des attentes assez importantes, ce qui est toujours risqué.
Mais, cette fois, aucune déception à l’horizon !

L’auteur réussit à nous proposer un nouveau thriller qui, tout en gardant les qualités du premier, se démarque excellemment afin de ne pas avoir à souffrir de comparaison.
Il faut noter que ce petit dernier est déjà beaucoup plus citadin que son grand frère, ce qui en accentue le rythme.
Et, si l’on reste plus ou moins dans des histoires de familles, ici nul huis-clos à prévoir.
D’ailleurs l’intrigue en elle-même est radicalement différente. Si nous pouvons compter sur quelques morts au passage, le grand banditisme, le monde fermé de la grande joaillerie, le milieu des faussaires et le trafic international font une entrée fracassante sur le devant de la scène.
Et sincèrement, on se régale.

On retrouve avec grand plaisir Virginie Sevran et Pierre Biolet, nos deux enquêteurs rencontrés dans Des Poignards.
Mais là encore, aucune crainte à avoir : vous pouvez tout à fait lire ce nouvel opus MÊME si vous ne connaissez pas encore le premier.
Par goût personnel je préfère toutefois toujours connaître la première enquête d’une équipe, pour mieux appréhender et apprécier leur dynamique, et j’en profite pour vous dire que le premier roman est paru en version poche, et donc à un prix très raisonnable.

Si vous avez l’occasion, n’hésitez pas à les découvrir dans l’ordre de parution. Mais, encore une fois, nulle obligation, puisque les deux enquêtes sont parfaitement distinctes.

Personnages diversifiés, intrigue prenante, rythme soutenu, et plongée dans un monde dont on entend très peu parler, sont autant de qualités à ajouter au talent de l’auteure dans ce Requiem pour un diamant.
N’hésitez pas !

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26 septembre 2020

Embarquez sans tarder.

Mars 2021.
Le vol AF006, reliant Paris à New-York traverse difficilement un terrible orage.
À son bord, parmi les 250 passagers, on peut trouver : un écrivain maudit, un tueur à gages, une petite fille trop sage, un couple effectuant leur premier voyage ensemble, un chanteur assez secret, une avocate brillante mais vindicative... bref, une assez belle représentation du panel humain.

Juin 2021.
Les mêmes personnes. Les mêmes vies. Les mêmes secrets.
Ou presque.

Il s'est passé quelque chose. Bien sûr qu'il s'est passé quelque chose. Mais quoi exactement ?

L'impression est d'abord légère, presque indécelable. Mais au bout de quelques chapitres, elle est presque étouffante.

Il s'est passé quelque chose.
Oui mais quoi ?
L'auteur nous balade, d'une période à l'autre et de protagoniste en protagoniste sans jamais nous perdre (chaque début de chapitre indique très clairement quand, où et avec qui on se trouve), et pourtant ça nous échappe.

On a l'impression d'avoir la réponse, là, juste sous nos yeux, et l'instant d'après elle est balayé d'une simple phrase.
Ce livre m'a énormément plu. Parce qu'il pousse le lecteur à de nombreuses réflexions, sur de multiples niveaux.

Il m'a fait pensé à beaucoup d'anciennes lectures, ou séries, à commencer par Replay, de Ken Grimwood, ou La Modification, de Michel Butor. Et bien évidemment à la série Lost.
Oh, ne vous inquiétez pas, le final se révèle totalement différent. Suffisamment pour nous surprendre et nous donner du grain à moudre pendant de longues heures de réflexion.

Hervé le Tellier nous fait participer à un voyage pour le moins mouvementé, et à la fin duquel on ne peut s'empêcher de penser : « Et moi, qu'aurais-je fait, à leur place ? ».

Un très bon roman contemporain, des personnages fort, un style précis, efficace et direct, une intrigue originale (et surtout très originalement présentée !), et une multitude de questionnements intérieurs.

Il y a là tout ce que je recherche dans un bon livre.
Alors, laissez-vous embarquer, et surtout, suivez bien les consignes de sécurité. On ne sait jamais...

Conseillé par
26 septembre 2020

Très bon préquel.

La sortie d’un roman de Ken Follett est un moment que j’attends chaque fois impatiemment. Pour ses romans historiques, en tout cas, étant beaucoup moins attirée par ceux qui traitent d’espionnage.
Alors cette année, quand Le Crépuscule et L’Aube a été annoncé, j’étais déjà dans les starting-blocks. Non seulement il revenait avec un roman historique, mais celui-là allait nous raconter « l’avant » Kingsbridge !
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Un préquel donc (ma Complice, si tu passes par là... ;)). Et quel préquel !
Nous débutons cette nouvelle histoire en débarquant directement au Xème siècle.
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Ken Follett a toujours ce talent inimitable pour nous immerger totalement dans ces périodes si lointaines.
Toujours, aussi, cette passion pour les bâtisseurs qu’il parvient sans mal à nous transmettre.
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Si on peut noter une (très) légère baisse au niveau du rythme de l’action dans ce nouveau titre, l’intrigue, elle, est toujours aussi solide, et les personnages toujours aussi riches et fouillés.
850 pages de pur régal. Une agréable découverte d’une époque que l’on connaît finalement peu, avec ses codes étranges et assez brutaux. La mise en lumière des différentes manières de vivre en fonction des pays.
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Des thèmes reconnus et universels, comme la filiation, les haines, l’amour, l’amitié, l’envie, la vengeance, bref tout ce que fait que l’Homme peut être aussi dangereux que bienveillant.
Et surtout, des personnages et des décors fabuleux, que l’auteur nous offre à aimer ou à détester, parfois même les deux, au fil des pages.
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Edgar, Ragna, Aldred, Wilf et même Dreng resteront longtemps dans vos mémoires.
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Un belle réussite à ne pas rater, que vous aimiez déjà Les Piliers de la Terre, Un Monde sans Fin et Une Colonne de Feu, ou que vous souhaitiez découvrir Ken Follett.
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Dépaysement garanti.
À lire sans modération, et attendant impatiemment le prochain !

Roman

Albin Michel

19,90
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1 septembre 2020

Brûlant et passionnant.

La Fièvre est un roman brûlant. Un roman qui exerce sur le lecteur une emprise à la fois crue et délicate, comme le style de l’auteur.

Sébastien Spitzer raconte ici la ville de Memphis, au moment le plus chaud de l’été 1878, alors qu’une terrible et mystérieuse fièvre s’abat sur la ville.

Les personnages sont dessinés au scalpel, et les dialogues sont tranchants comme des poignards.

Emmy, l’adolescente métisse, à la recherche de son père qu’elle idolâtre sans connaître.
Anne, la maîtresse-femme au passé trouble, mère maquerelle du plus beau bordel de la ville.
Keating, le raciste, aigri et proche du KKK, qui tente d’oublier dans son travail tout ce qui manque à sa vie.
Et Brown, l’ancien esclave, fort et fier, aussi farouche défenseur de sa ville que de sa liberté si difficilement acquise.

Quatre personnages aussi différents, rien, absolument rien ne devrait pouvoir rassembler.
Pourtant une chose va y parvenir : la Fièvre.
Car elle entraîne de nombreux décès, qui eux-mêmes entraînent l’émergence de pillards qui ne reculent devant aucune exactions envers les survivants...

Alors survivre, et, plus encore, sauver leur ville devient leur but commun.
Et pour ça, eux non plus ne reculeront devant rien.

Sébastien Spitzer fait renaître sous nos yeux, et avec un talent fou, une ville et un dix-neuvième siècle ou la mort, le racisme et la violence règnent en maîtres.

Chaque page transpire des nombreux vices qui peuplent les rues de Memphis.
Chaque dialogue sue de la haine et des blessures, physiques et psychologiques, de ses habitants.
Chaque chapitre suinte de toutes ces colères qui ne demandent qu’à s’exprimer.

C’est la rencontre de l’innocence et du vice, de la bonté et du racisme, des bonheurs simples et des malheurs compliqués.

C’est un rendez-vous, entre un auteur, un livre entêtant, et des lecteurs ébahis.
Quatre personnages qui nous marquent et nous manquent, nous révulsent et nous enchantent.

Un roman de la rentrée littéraire à découvrir parce qu’il nous fait saisir toutes les nuances d’un monde qui n’existe plus.

Un roman qui nous contamine dès les premières lignes, pour notre plus grand bonheur.
Merci Monsieur Spitzer !

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31 août 2020

Un bijour d'humour et d'élégance.

Orly, région parisienne, milieu des années 60. Des adolescents en ébullition, des professeurs loufoques, une cité grise et pourtant tellement pittoresque.
Dès la première page nous voilà embarqués dans les pensées de notre jeune héros. Nous ne connaîtrons pas son nom, mais nous pourrons l’appelez Daniel ou Marcel.
Surtout Marcel.

Parce que son plus grand souhait, au moment où nous faisons sa connaissance, est de devenir Proust.
Pourquoi ? Mais à cause d’Albertine, évidemment !

Pour lui plaire il a lu l’intégralité de La Recherche du Temps Perdu. Pensez donc, c’est un minimum tout de même.
Et pour la garder, il deviendra Proust, ça aussi, c’est un minimum.

Mais, d’abord, il va devoir faire face à quelques problèmes urgents, au premier rang duquel se trouve sa rédaction, qui a disparu ! Fallait que ce soit celle-là, évidemment. Celle dont Proust lui-même aurait été jaloux.
Et puis Albertine, qui elle aussi a disparu.
Décidément, c’est un complot. Plus rien ne marche droit, au collège Curie, et ce n’est guère moins bancal dans la cité Million.

Heureusement il y a Bala. Lui c’est le bon copain. Attention, il a ses défauts hein, mais c’est quand même son copain.
Et il faut bien être au moins deux pour supporter tous ces profs étranges.
Donc c’est décidé, ce soir ils enlèvent Albertine. Si tout se passe bien.

Holà, je vous vois d’ici, vous vous demandez ce que c’est que cette histoire et si elle en vaut bien la peine.
Et bien sachez que oui. Cent fois oui.

Parce qu’un roman qui est à la fois aussi drôle et émouvant que truffé de références, on en croise pas tous les jours.
Parce que Daniel Picouly nous raconte un Proust avec la voix d’un petit Nicolas, et que le mélange des trois est rafraîchissant et délicieux.
Parce que ça va à toute allure, qu’on se prend au jeu et qu’il n’y a pas moyen de le lâcher une fois commencé.
Parce qu’on se régale des bons mots, des tournures de phrases attendrissantes et de cette ambiance sixties tellement bien dépeinte.
Parce qu’une telle galerie de personnages mérite largement un public étendu.

Et enfin parce que si vous voulez passer un bon moment, c’est le livre à lire, tout simplement.
Donc oui, cent fois oui, lisez-le !