Correspondances Paris Moscou, Hors série ESPACE(S)

Dans ces "Correspondances Paris Moscou" il s’y révèle aussi que proposer le thème des échanges entre deux puissances spatiales coopérant depuis plus de 40 ans, -entre la Russie, première historiquement, et la troisième qu’est la France-, génère une expérience littéraire sans précédent et réussie.
Parce qu’elle offre un prisme particulièrement riche et puissant d’expression à des auteurs plutôt éloignés de ces questions, mais, de ce fait sans doute, très inspirés pour nous y entraîner de manière vive, très concernés pour puiser dans leur propre mémoire, très différents pour traduire au-delà des dissymétries de l’Histoire, des correspondances insoupçonnables. Parce que le rêve russe de l’Espace s’est inscrit dans l’imaginaire français, parce que la littérature française de l’Espace habite la mémoire russe. Parce qu’enfin du plus documentaire au plus fantaisiste, du plus noir au plus comique, du plus soliloqué au plus dialogué, du plus enraciné dans l’Histoire au plus contemporain sinon futuriste, se déploie un spectre narratif généreux et réjouissant.
Ainsi des correspondances existentielles permises par l’Espace relient les personnages créés. L’Histoire mise en scène selon des rouages occultes met à l’épreuve les protagonistes de Essine et de Lenoir ; l’aliénation par blanchissement de la mémoire ou sa saturation touche ceux de Slapovski et de Claudel ; la désillusion quant aux mirages de l’Histoire et des héritages idéalistes ceux de Kourchapkine et de Konopniki ; l’échappement de la réalité offre un répit dans la vie de ceux de Berezine et de Fleischer. On pourrait ici ou là tracer aussi des correspondances de récits de formation d’adolescents, de résistance aux pouvoirs. Mais les propositions littéraires offertes par ce recueil sont suffisamment riches pour que chaque lecteur crée ses propres liens…